A Hollywood, histoire d’amour improbable entre un flic et un jeune premier, au beau milieu d’une enquête.
Les deux protagoniste du roman, Jack Bell, la nouvelle star d’Hollywood aux faux airs de James Dean, et le narrateur, un inspecteur de police aussi consciencieux qu’obscur, s’en rendent bien compte : en tombant amoureux l’un de l’autre, en poursuivant leur liaison aussi torride que clandestine alors que l’un est témoin, voire suspect potentiel dans une enquête sur un meurtre censément menée par l’autre, ils ont l’impression de jouer dans un remake gay de Butch Cassidy and Billy The Kid. L’insolence, le défi à la société et à sa morale, la fuite en avant, et une issue forcément fatale.
On est à Hollywood, en juin 1990. Billy Greenfield, un tout jeune prostitué, homosexuel et dealer, est retrouvé mort sur la pelouse d’une luxueuse résidence, non loin de villas occupées par quelques vedettes. Dont Jack Bell, un jeune premier, la coqueluche de toutes les filles, un nouveau Casanova. En apparence. Même le policier qui mène l’enquête, pourtant marié à une femme épatante et bientôt père, ne peut rester insensible à son charme. Pour les besoins de l’enquête, ils se voient. Puis se revoient. Et tout bascule.
Rédigeant à la première personne sa confession bien après que tout cela s’est terminée, le policier-écrivain a tout loisir d’essayer d’analyser, d’expliquer une histoire à laquelle il a encore lui-même du mal à croire. Comment l’amour fou, la passion la plus impérieuse, peut amener deux être jusqu’au bout d’eux-mêmes, et l’un, d’une totale lucidité, à faire exploser le petit monde (travail, famille, principes) sur quoi il avait jusque-là fondé sa vie.
Et quoique très américain, il ne dispose pas de ce rempart majeur, la foi, pour résister aux assauts de son beau démon tentateur.
Philippe Besson, qui aime bien, de livre en livre, surprendre son public, s’est risqué dans une espèce de polar à l’américaine, traité de façon très cinématographique. Il en reprend et en assume quelques clichés, tout en les subvertissant pour les besoins de sa cause. Non sans habileté, avec réalisme et sans rien de scabreux. La deuxième partie du roman, l’acmé du désir entre les deux garçons sous le regard, sinon complice du moins bienveillant, de la mère du policier, est fort réussie. Et le personnage de Mc Gill, le flic intègre, délicat et plein de compassion, qui découvrira finalement toute la vérité, est un très beau second rôle. Tout cela est sensible, se lit comme une évidence. Philippe Besson a du talent et du métier. Ceux qui ont aimé ses précédents romans vont adorer. Quand au cinéma, ce livre semble taillé pour lui sur mesure, plus encore que Son frère, adapté à l’écran par Patrice Chéreau.
Jean-Claude Perrier
Un homme accidentel - Philippe Besson
(Julliard- 19 euros)
1 commentaire:
Un excellent roman qui se lit d'une traite !
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