- Masque à Torcello -
Pour voyager en compagnie, il faut être en phase absolue comme ce fut le cas tout récemment à
Venise où mon compagnon ès pérégrinations fut attentif, curieux, avide de découvertes culturelles ou gastronomiques.
Il arrive trop souvent que les déplacements en duo, ou pire, en groupe, se révèlent désastreux.
On vous traîne sur des chemins balisés quand vous voulez simplement vous asseoir pour contempler, humer un air nouveau, savourer.
On veut vous emmener là-bas quand vous voulez aller ailleurs.
Par courtoisie, vous vous laissez faire et l’amertume s’installe.
Seul, on découvre des contrées que l’on pourra ensuite faire aimer à qui saura en apprécier toute substance.
Point de nouveauté cette fois puisque j’étais à Rome, cette Rome qui si souvent m’appelle et m’attire.
Cette ville cependant recèle des trésors insoupçonnés.
Là, comme à Venise, le voyageur en retour saura voir autres choses que ces parcours obligatoires pour hordes bardées d’appareils photos numériques.
Avant de revenir évoquer Rome, revenons un peu à Venise tant que la mémoire d’un séjour inoubliable toutefois est encore toute fraîche :
se sont posés à Venise des anges de pierre ; mais aussi des anges de chair : en groupes, en tribus
familiales, ou seuls, lisant sur l’herbe tendre près d’une chapelle.
L’ange (?) qui vous accompagne, lui aussi, comme vous, scrute les ponts et les venelles à la recherche de la beauté, insatiable.
Le touriste banal, celui qui traîne ses tongs disgracieuses sur le pavé poli, photographiant tout et n’importe quoi, se gavant de «menus touristiques », s’agglutinant aux autres , grossier dans le
vaporetto, on sait ne plus le voir.
On sait qu’il faut s’écarter des chemins balisés, du trajet obligé « Santa Lucia-Rialto -San Marco -Accademia », s’en aller humer l’air des « zattere », s’enfoncer dans le Castello où sèche le linge des
« famiglie », mettre les pieds sur la Giudecca, cette autre Venise où les marchands de souvenirs
alpagueurs de pigeons sont rares, prendre un bateau-vapeur aux Fondamente Nuove pour s’en aller découvrir Torcello, moins surfaite que ses voisines Murano et Burano.
On ira à Venise une fois, deux fois, cent fois, parce que s’asseoir au soleil couchant tout au bout de la Giudecca et regarder d'ici la Punta della Dogana (pointe de la douane) suffit à vous emplir d’une douce sérénité.
On y retournera pour la millième fois parce que la cité millénaire est fatiguée et que l’on craint pour sa santé ; on voudra prendre de ses nouvelles, voir si les meurtrissures infligées par les eaux aux pierres de tel ou tel « palazzo », tant de fois colmatées, soignées, n’ont pas trop empiré.
L’émotion vous étreindra comme à chaque fois quand vous la quitterez et vous n’aurez qu’une idée
en tête : revenir.
Pied-de-nez au touriste impatient.
- Dérision -
- SaVOIR -
- A Torcello : des pâtres ? -
- Savoir dé-gus-ter -
- Le Castello : hors des sentiers rebattus -
- Giardini : ange de pierre... -
- Ange de chair, juste avant le départ : heureux présage -
Toutes les photos : Silvano - Gay Cultes (2010-2011)
7 commentaires:
Le sage "angélisme", pratiqué au fil des pélerinages culturels, nourrit l'humanisme. Et Florence ?
Je suis bien heureux pour ton voyabge à Vénise!
Soudain vous prennent comme ça des envies d'Italie !...
Des photos et un récit qui font préférer l'air marin à la douceur angevine, n'en déplaise au grand du Bellay... :°)
@another country : mes envies d'Italie sont permanentes.
@Roland : Florence et la Toscane, c'est au printemps ; il y fait trop chaud pour moi en été.
Je ne doute pas que vos envies d'Italie soient permanentes -- ça me semblait clair... Ce sont vos photos et votre récit de voyage qui m'ont soudain donné envie d'aller faire un petit tour en Toscane... :)
@another country : il faut céder à ce type de pulsion chaque fois que possible !
Pour Rome, pour moi, ce fut le cas : et j'ai bien fait selon ce qu'on m'a dit des conditions météo en France ces derniers jours.
Enregistrer un commentaire