Salò o le 120 giornate di Sodoma |
Sur la rive du lac de Garde, Salò est une charmante bourgade. C'est là que le fascisme moribond créa, avec le soutien d'Hitler, une république fantoche, entre 1943 et 1945. Ce sont les derniers jours de la période Mussolini que Pasolini mit en scène dans un film dérangeant à plus d'un titre. Lorsque je le vis, dans ce cinéma parisien du nom d'Accatone (en hommage au poète et cinéaste assassiné), la salle se vida au fur et à mesure de l'avancée vers l'horreur. J'ai tenu jusqu'au bout, détournant par moments le regard...
Idem |
Salò, élégante villégiature sur le lac de Garde |
Synopsis de "Salò o le 120 giornate di Sodoma" de Pier Paolo Pasolini (1976) :
Durant la République fasciste de Salò , quatre seigneurs élaborent un règlement pervers auquel ils vont se conformer. Ils sélectionnent huit représentants des deux sexes qui deviendront les victimes de leurs pratiques les plus dégradantes. Tous s'enferment alors dans une villa près de Marzabotto afin d'y passer 120 journées en respectant les règles de leur code terrifiant.
"Salò ou les 120 journées de Sodome" (libre adaptation du roman du marquis de Sade) est le dernier film de Pasolini, assassiné le 2 novembre 1975 par un prostitué levé à la Stazione Termini (gare centrale) de Rome.
12 commentaires:
C'est un film qui fascine autant qu'il met mal à l'aise. J'aurais préféré une version moins cruelle et plus érotique pour ma part, parce qu'il y avait de jolis garçons à l'affiche et que c'est dommage que ça se finisse avec une telle violence sadique.
Je n’ai jamais partagé l’idée – surexploitée au cinéma – qu’on puisse dénoncer certaines violences en en exhibant une mise en scène (qui plus est esthétisée). Perso, je ne supporte pas. Il me semble, au contraire, que cela en fait de facto la promotion (principe publicitaire bien connu). À cet égard, Visconti – qui était du même bord (politique) que Pasolini – fut bien plus subtil et adroit lorsqu’il fit « les Damnés ».
Est-ce à dire, Pierre, que vous trouvez PPP complaisant ?
Heureusement qu'il y a quelques scènes torrides, parce que le reste du film est bien souvent insoutenable.
Je n'ai jamais vraiment compris ce film de Pasolini dont je suis pourtant un lecteur/spectateur fervent. J'ai quand même le sentiment qu'il a pris prétexte d'une dénonciation morale pour filmer ("incarner" au sens étymologique) ses fantasmes et ses obsessions. Il ne serait pas le premier.
Je me suis trouvé à Rome, en décembre 1975, et des affiches rendaient hommage à PP Pasolini. L'ambiance y était étrange, et je n'ai vu Salò que bien plus tard. J'ai compris alors que le fascisme italien avait vraiment condamné à mort Pier Paolo, condamnation déjà évoquée dans Il vangelo segondo Matteo...
j'avais vu ce film qui fit tant scandale, dans une petite salle parisienne où sa diffusion étant confinée; les réactions des spectateurs étaient les mêmes, "cétait l'été évidemment", mais l'atmosphère n'était pas celle de l'époque actuelle ou Manzano est allé voir ce film. Je suis sorti effectivement avant la fin du film, je partage l'avis de Pierre car je suis de sa généartion et le ressenti est le meme. Pour le reste j'adhère au propos sur ce film qui a entrainé l'arrêt de mrt de PPP même si cela ne s'est pas passé comme cela à Ostia.
Il y a plusieurs Pasolini... Si l’ensemble de l’Œuvre de l’artiste reste remarquable, l’homme a pu se fourvoyer parfois. Je pense notamment à ses articles (plus politiques), souvent haineux et violents. Je sais qu’il est toujours délicat de juger le passé avec la mentalité du jour, et c’est vrai aussi qu’à l’époque la voie révolutionnaire avait le vent en poupe. Cependant, par exemple, il était ulcéré par le combat féministe ! et particulièrement par la libération sexuelle des femmes... tenant d’un discours machiste et méprisant assez ahurissant. Ses amis progressistes furent décontenancés par ses positions devenant, sur la fin, ultra réactionnaires : contre l’avortement, contre le divorce, et même... contre la jeunesse ! qu’il ne comprend plus, parce qu’il ne comprend plus le monde réel, à force de s’être enfermé dans celui intérieur, lequel n’existe que pour lui seul – éminemment seul.
Tout grand artiste est souvent pétri de contradictions. Sans prendre position sur les circonstances de sa mort, je crois qu’il avait été, de toute façon, au bout de son Œuvre – et sans doute trop loin, avec "Salo" –, comme une sorte d’Icare s'étant brûlé les ailes à trop vouloir se rapprocher du soleil.
La trace reste sublime.
Oui, Pierre, quel personnage complexe, aimable et haïssable à la fois, parfois génial. Je penche assez pour la thèse du suicide par assassinat, vous me suivez ?
Sur sa mort, Silvano, on ne saura évidemment jamais... mais quand on est un tel esthète (jusqu’à l’ascèse !) et qu’on a peut-être conscience d’une déchéance (artistique) qui se fait jour – sans parler des ruines sentimentales –, il est permis de penser que la main d’un ange pour être emporté vers le panthéon des poètes soit une voix de délivrance plus que tentante.
Nous nous rejoignons, et devons avoir quelques lectures en commun. J'y reviens, d'ailleurs, dans un billet à paraître déjà rédigé avant de vous lire...
quand j'ai vu Salo j'ai un moment regretté qu'il ne soit pas en "odorama" car vraiment il ne manquait que l'odeur pour parachever le "haut le coeur" scatologique! cependant je suis content d'être resté avec deux ou trois autres spectateurs jusqu'à la fin car cela m'est apparu comme un révélateur de ma propre turpitude et en même temps de sa limite puisque ce qui faillit me faire "vomir" ce fut le dernier acte de la souffrance mortelle affligée aux victimes de ces "dépravés" ; et il y eut un apaisement avec la dernière danse des jeunes gens comme si malgré toutes les horreurs , il y avait l'espoir de renaissance par la tendresse que se témoignaient ces "survivants"
J'ai moi même découvert ce film au cinéma Mazarin à Aix en Provence alors que j'étais étudiant, j'ai moi même tenu jusqu'au bout et tourner plus d'une fois le regard, et j'ai moi même assisté à la désertion de la salle au fur à mesure que le film avançait
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