Lors d'un séjour en solo à Venise, sans projet particulier pour mon déjeuner, je suivis un jour des ouvriers du chantier de l'Accademia : où donc prendraient ils leur "pranzo" ?
Le "ristorante" où ils se rendirent ne figurait dans aucun de mes deux guides. Je ne savais pas encore que j'en ferais ma cantine vénitienne. J'y suis dorénavant reçu
chaleureusement, grappa offerte, et, lors de mes deux derniers repas avec un jeune camarade, une ristourne sur les additions, chose qui parait invraisemblable en terre de France !
Lors de mon premier repas, mon odorat fut irrésistiblement fasciné par le parfum des "gnocchi al pomodoro" de mon voisin. Tant pis pour mon premier choix (seiches à l'encre et polenta) ; je rappelai le serveur et commandai le mets tentateur, lequel, jugé sans doute trop banal, ne figurait pas à la carte sous cette forme. Une fois servi, je vécus un retour dans le passé gustatif et olfactif stupéfiant : la même texture, la même sauce tomate toute simple, tout ce qui faisait affluer mes copains quand ma mère m'avait annoncé que "ses" gnocchi allaient figurer au menu du lendemain. Rougissante sous les compliments, ravie de voir ses hôtes demander "du rab", ma maman ne se doutait pas que, bien des années après, je rencontrerais des amis d'enfance qui évoqueraient immanquablement ses fameux gnocchi.
Je me demande si l'un des buts primordiaux de mes fréquentes visites à la Sérénissime, n'est pas de retrouver, de pomme-de-terre, de farine et d'eau savamment amalgamés, le plat-culte de mes jeunes années.
1 commentaire:
vraiment une madeleine de gnocchi, caro Silvano!
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