mais avec Gaspard Proust, j'aime bien !
C'est le titre du concert-spectacle auquel j'assistai mardi chez Isabelle et Patrick (à Levallois-Perret, quoi !), dans le bel auditorium du Conservatoire Maurice Ravel. Au passage, visitant cette structure, on peut comprendre que des administrés ferment les yeux sur les exactions financières de leurs édiles. C'est là un paradoxe dans une société qui hurle volontiers au "tous pourris" et réélit de mandat en mandat des margoulins de cet acabit qui ont su mettre dans leur poche, outre les dollars, leur "clientèle".
Fermons cette parenthèse pour nous intéresser à ce concept de vulgarisation de la musique dite "classique" qui ne manque pas d'intérêt.
Gaspard Proust |
Posons tout d'abord qu'ayant pendant des années navigué au cœur même de la scène humoristique hexagonale, ayant vu débuter la majorité des remplisseurs de salles actuels, je tiens Gaspard Proust pour le meilleur d'entre eux, tout en gardant une oreille sur son camarade Vincent Dedienne, fraîchement arrivé, lequel, également, prouve qu'humour ne rime pas toujours avec gaudriole démagogique pour public présumé inculte.
Gaspard Proust joue actuellement son nouveau spectacle au Théâtre Antoine, comble chaque soir, sans avoir fait la moindre concession à la promo obligée qui trimballe les artistes de plateaux en plateaux, des pires talk-show (gasp !) aux émissions plus regardables-mais tout juste.
C'est, tout simplement, que le public n'a pas besoin de voir cinquante fois le même artiste à la télé(sans)vision pour appréhender la qualité d'un spectacle.
Le spectacle de M.Proust, donc, est ce qu'il y a de mieux actuellement, avec, notamment, un final époustouflant où notre société ultra-numérisée en prend plein la gueule avec de vrais mots qui font de vraies phrases en leçon de Français magistrale dispensée par ce Slovène que les aléas de l'existence ont promené, si je puis dire, de son pays natal vers l'Algérie et la Suisse, ensuite, avant qu'il ne s'installe (pour combien de temps ?) dans nos riantes contrées.
Pour revenir au concert-spectacle-conférence-drôle (donné initialement à la Philharmonie excusez du peu !) auquel j'ai eu le privilège d'assister mardi, le concept en est simple et lumineux : l'humoriste fait découvrir des œuvres du répertoire qu'il a choisies, jouées par des musiciens du meilleur niveau, et intervient, dans son style, mais avec mesure, entre les différentes pièces, truffant son discours de références souvent pointues et d'anecdotes sur les grands compositeurs, sans négliger de faire incursion dans notre quotidien, éreintant au passage Macron et consorts, décochant des flèches trempées dans le curare à cette pauvre Anne Hidalgo (ça plait beaucoup, à Levallois !), petit sacrifice facile à la mode actuelle du dénigrement de la Maire de Paris.
L'incomparable Carlos Kleiber |
L'essentiel reste néanmoins la Musique Majuscule, dont Gaspard Proust est un adepte fervent, lui qui possède une impressionnante collection de disques, sachant faire la différence entre les interprétations discographiques d'anthologie, pouvant citer avec délectation Furtwangler et son Eroica de décembre 1944 avec la Philharmonie de Vienne, démolissant avec une mauvaise foi assumée les "Français", dont Alfred Cortot et Samson François (quel salaud !) et rendant justice à un Carlos Kleiber, me faisant (enfin) boire du petit lait, en commune vénération.
Enfin, devant un public subjugué, présentant le magnifique Quatuor Werther (le troisième de Brahms), il cite longuement Goethe... en allemand (parfait) dans le texte, ajoutant que, bon, vu le public haut-de-gamme de Levallois, il juge inutile de traduire.
Dans l'ombre pendant l'exécution (sans jeu de mots) des œuvres, et notamment pendant un extrait de L'Art de la Fugue de Bach (le plus grand, la clé de voûte, la base de tout, il a raison !), on le surprend à "diriger" d'une main, habité par la musique, qui est sans doute l'amie consolatrice de cet homme qui se définit comme "asocial".
Le but (faire passer une soirée inoubliable à un public varié où se mêlent mélomanes et néophytes) est largement atteint : se glissent dans les choix de l'humoriste des œuvres "difficiles" (ah, le huitième quatuor de Chostakovitch !) que le talent des musiciens (dont une violoncelliste bluffante) et celui du récitant conjugués rendent immédiatement "audibles" à tout un chacun.
Chapeau !
Las, je vous allèche, je vous allèche, oubliant de préciser qu'il s'agissait là d'une "dernière" après une séries de dates en régions.
Ne reste qu'à souhaiter une reprise : si, par bonheur, elle devait voir le jour, précipitez-vous !
La "bande-annonce" initiale. Depuis, G.Proust a supprimé les œuvres les plus convenues.
3 commentaires:
Mes parents ont vu ce spectacle à Aix en Provence et ont été enchantés de leur soirée.
oeuvres convenues: le duo des chats, les quatre saisons, le lac des cygnes, le boléro, le vol du bourdon ,le largo, la toccata et quelques ....éclairez notre lanterne SVP ?
Pourquoi donc, Joseph ? Vous venez de les citer.
Enregistrer un commentaire