Un regain de jeunesse |
La roue a tourné depuis.
Le confinement de novembre me fut paradoxalement favorable où naquit cette amitié amoureuse qui me lie dorénavant à ce jeune voisin talentueux, prévenant, affectueux, en cette immédiate proximité qui fait dire à un vieil ami que nos appartements contigus ne pourraient en faire qu'un seul.
Quand ce garçon, très mûr pour son jeune âge, fut "cas contact", nous avons pallié ses journées d'isolement par des apéritifs... sur le palier, ne rompant jamais, ainsi, un lien qui se renforçait de jour en jour.
Un autre ami de longue date, l'ayant rencontré à plusieurs reprises, avait décelé ses qualités, balayant mes prudences, mes questionnements inquiets, d'un "c'est un mec bien" qui se vérifia par la suite.
Dans une société où le "jeunisme" est trop souvent de mise, ce garçon me présente ses véritables ami(e)s, prié(e)s tacitement de valider cette relation hors normes : son indéniable charisme a pour effet de faire admettre dans son cercle, sans la moindre difficulté, le vieil adolescent que je suis.
Il y a de prudentes étreintes (situation sanitaire oblige) qu'il nomme câlins s'il pressent en moi une quelconque tristesse : grâce à lui, à ses attentions quotidiennes - quand il s'éloigne de Paris, il sait être près de moi - ces moments de mélancolie ont disparu : au contraire, mon énergie, mes enthousiasmes, ont retrouvé leur plénitude, comme s'il avait insufflé dans mes veines un regain de jeunesse. Quand d'autres auraient quelques scrupules à sortir accompagnés d'un "vieux", il a manifesté son envie, dès les premiers beaux jours, de sortir avec moi, enfin, du cadre de l'immeuble, suscitant ma gratitude pour cette preuve d'amitié.
Nous échangeons nos livres, nos musiques, nos films, frottant l'une contre l'autre nos cultures générationnelles, chacun ayant à apprendre de l'autre.
Cette amitié merveilleuse (prodigieuse !) m'arrive, inespérée, en cadeau de la vie.
C'était la première séance
Première sortie au cinéma avec celui qui dit "quand on s'est connus, on s'est reconnus" : Falling, de Viggo Mortensen, qui a remué en moi de douloureux souvenirs, heureusement adoucis par sa présence à mes côtés, lui qui a la chance d'avoir une famille aimante.
Synopsis :
John vit en Californie avec son compagnon Eric et leur fille adoptive Mónica, loin de la vie rurale conservatrice qu’il a quittée voilà des années. Son père, Willis, un homme obstiné issu d’une époque révolue, vit désormais seul dans la ferme isolée où a grandi John. L’esprit de Willis déclinant, John l’emmène avec lui dans l’Ouest, dans l’espoir que sa sœur Sarah et lui pourront trouver au vieil homme un foyer plus proche de chez eux. Mais leurs bonnes intentions se heurtent au refus absolu de Willis, qui ne veut rien changer à son mode de vie...
John (V. Mortensen) et son mari (Terry Cheng, très bon) |
Lance Henriksen, acteur que l'on vit dans maints films "à pop-corn", en véritable révélation dans ce Falling.
L'homme a perdu ses repères, sa santé mentale se fait de jour en jour plus déficiente.
John, lui, souffre encore et toujours du comportement d'un père qu'il s'efforce pourtant d'aimer, magnifique personnage interprété par Mortensen lui-même.
Willis, le père, joué par Lance Henriksen, impressionnant |
Dans une distribution sans erreur, on notera la présence du "maître" de Mortensen, David Cronenberg en personne en médecin profondément humain, attentif.
Malgré quelques traits un peu épais et le côté "bavard" qu'on peut lui reprocher, Falling, s'il n'est pas un coup de maître, est en tout cas un joli coup d'essai.
Après la projection, premier déjeuner depuis des lustres, au bord d'un canal scintillant sous le soleil du premier jour de juin. Nous avons fait une photo de nous deux, heureux.
Eddy de Pretto est gentil
Par l'un de ces heureux hasards de la vie (encore un !), le très talentueux Eddy habite dans la même copropriété que moi, à quelques pas de mon appartement.
Jeudi dernier, je le vis attablé à cette terrasse où nous avons apparemment les mêmes habitudes, où, en août dernier, je lui avais offert mon roman.
Lors de cette nouvelle rencontre, l'artiste m'a écrit des "bisous" sur la pochette de son nouvel album que je possède en vinyle et m'a dit avoir beaucoup aimé Tombe, Victor !
Rencontre brève, pour préserver son intimité, mais complicité immédiate.
Je lui ai dit que mon voisin, habitué à entendre du Bach ou du Schubert par-delà le balcon, savait, au vrombissement des basses, que j'écoutais "du de Pretto".
Sourires : d'autant que ses "groupies" sont d'évidence plus jeunes que moi.
Ce garçon, en mode détente-quartier, est fort aimable, au vrai sens du terme.
Quand je vous dis que tout va bien.
3 commentaires:
Magnifique longue triple chronique sur le thème du fossé générationnel que vous savez si bien franchir par l'amitié, la délicatesse des sentiments, la sagesse de l'expérience et votre éternelle jeunesse. bel exemple d'optimisme lucide pour un lundi ensoleillé.
Profitez bien de cette chance à multiples visages que vous avez!
Quel beau billet lumineux, revigorant !
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