Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


samedi 6 janvier 2024

Stranizza D'Amuri (Fireworks), film nécessaire : l'amour crucifié.

Synopsis

Juin 1982, dans une Sicile incandescente qui vibre pour l'équipe nationale italienne lors de la Coupe du monde de football, deux adolescents, Gianni et Nino, entrent en collision avec leurs scooters respectifs sur une route de campagne. De ce choc naît une profonde amitié, mais aussi quelque chose de plus, quelque chose qui n'est pas perçu d'un bon œil par les familles et les enfants du village. Courageux et avides de vie, Gianni et Nino se moquent des préjugés et des rumeurs et vivent librement. Une liberté que d’autres ne comprennent pas et ne sont pas prêts à accepter…

Mon impression

Merci mille fois au cinéma italien qui nous offre, depuis quelque temps, tant d'émotions : l'histoire d'amour de ces deux garçons fut à l'origine d'un fait divers qui défraya la chronique dans les années 80 et a revêtu, depuis, valeur de symbole. "L'affaire de Giarre" (1) n'est pas élucidée à ce jour : suicide, peut-être, ou crime, plus plausible (la thèse du film), elle est, quoi qu'il en soit, le résultat de l'homophobie la plus ignominieuse. Hormis la manière sobre, pudique, avec laquelle Giuseppe Fiorello, dit Beppe, filme cette passion adolescente, il dépeint admirablement la Sicile de l'époque, les us et coutumes dans ses villages, sa rudesse et son obscurantisme. Stranizza D'Amuri est un beau film, émouvant, poignant, qui ne peut laisser indifférent. La photo est magnifique, les deux acteurs principaux sont exceptionnels comme les seconds rôles. Le choix des chansons (2) est très juste, dont celle du grand Franco Battiato, décédé en 2021, qui donne son titre au film. Sorti en mars 2023, Fireworks (titre international) a remporté un vif succès en Italie, comme le démontrent les commentaires émus sous la bande-annonce dans YouTube. Attention : les dernières images vous serrent le cœur !

Nino (Gabriele Pizzuro) et Gianni (Samuele Segreto), transfigurés par l'amour.

Le voir :

Il est inconcevable que le film n'ait pas trouvé de distributeur permettant de l'apprécier en France sur grand écran, alors qu'il est sorti aux USA en décembre. Pour le voir, j'ai dû ruser et vous communique l'astuce : profitez de l'essai gratuit de 7 jours de la plateforme Univers Ciné via Prime Vidéo si vous êtes abonné. Sinon, allez sur le site d'Univers Ciné (clic) et prenez l'abonnement "basique" à 1 euro, valable 1 mois (ensuite, c'est 6,99 par mois). Dans les deux cas, pensez à vous désabonner en temps voulu, sauf à vouloir profiter d'une plateforme très riche "cinéphilement" parlant.

Nota

Le film, sorti dans les salles italiennes le 23 mars 2023, a rapporté 1 million d'euros et Beppe Fiorello a remporté le prix Ruban d'argent du meilleur nouveau réalisateur. Il a également été présenté dans la liste des films en compétition pour représenter l'Italie aux Oscar 2024. 

Beppe Fiorello dirigeant Samuele Segreto

(1) Les luttes provoquées par cette affaire, le combat pour la recherche de la vérité, sont à l'origine de la création du premier club "Arcigay" à Palerme. Depuis, l'association est présente dans tout le pays. Elle poursuit sa mission de défense des droits des homosexuels et lutte contre une homophobie encore très virulente en Italie.
Ici commence l'Amour.
(2) Outre Battiato et les chansons originales, le film donne à entendre, dans une très belle scène, le tube d'Umberto Bindi Il mio mondo, qui connut un succès mondial grâce à la version de la chanteuse anglaise Cilla Black et à de nombreux "cover". En France, c'est Richard Anthony qui en fit le numéro 1 de l'été 1964 sous le titre Ce monde. 
Le choix d'Umberto Bindi n'est pas gratuit : l'auteur-compositeur-interprète eut à subir, tout au long de sa carrière, l'ostracisme des médias en raison de son homosexualité.

2 commentaires:

Axel a dit…

Voilà qui donne très envie. Je vais suivre votre conseil pour le visionner, merci.

Anonyme a dit…

Merci Silvano de nous avoir signalé ce film de Giuseppe Fiorello et indiqué comment le visionner en France !

Merci aussi pour la chanson d'Umberto Bindi qui m'a remémoré la version de Richard Anthony.

Renato