Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


samedi 15 juin 2013

C'est lui

Andrew Wyeth - Above the Narrows (1960)

Dans la recherche de l'autre, nous avons nos critères. Nous sommes bardés de dérisoires certitudes, influencés par les images sur papier glacé de nos magazines communautaires, par "l'iconographie gay", rêvant du garçon idéal que l'on a défini une fois pour toutes, croit-on. Mais voici que l'amour nous tombe dessus sans crier gare et que basculent dans le vide toutes nos velléités : on est pris au piège d'un regard, d'une voix qui nous bouleverse, d'une complicité qui s'affirme jour après jour, d'affinités électives qui réunissent deux âmes, de l'évidence. On balaie nos rêves de fougueux corps à corps avec le jeune mâle au physique parfait de nos illusions. Celui sur lequel on n'aurait posé le regard en d'autres circonstances, parce qu'il ne correspond à rien de ce que l'on croyait rechercher, s'impose à nous et nous savons que c'est pour toujours. Sa beauté intrinsèque nous est apparue, c'est la révélation sur le chemin de Damas de nos convictions mises à bas. Brun, blond, petit, grand, athlétique ou gringalet, qu'importe, c'est lui. 

6 commentaires:

Timothée a dit…

Je suis tout à fait d'accord. Pour avoir été très exigeant sur un physique idéalisé, je dois avouer que je me suis fait avoir par l'amour à deux reprises (un regard, un charme naturel, un sourire). Même si cela n'a pas duré dans temps, j'ai au moins appris à être depuis plus indulgent et à rechercher ce que l'on trouve à l'intérieur.
Et après tout, à quoi peut servir une coquille vide à part flatter son égo...

Silvano a dit…

Votre dernière phrase résume ma pensée, Timothée (beau prénom !).

Anonyme a dit…

Magnifique ! Mais le peintre, ce n'est pas plutôt avec y ? Andrew Wyeth ?

Silvano a dit…

Oui oui : Wyeth. Je m'étais pourtant relu.

Maxence 23 a dit…

i ou y, belle découverte !

JC Heckers a dit…

Je résumerai par : il y a plus beau que lui, mais de toute façon c'est lui le plus beau jusque dans ses imperfections.

Et quand l'amour s'incarne, il a toujours soin de nous surprendre. Même s'il s'efforce quand même de concilier l'élu avec nos goûts, au moins au travers de trois fois rien. La couleur des yeux, la façon de sourire, la démarche, qu'importe ce qui fait tout basculer et désigne sans relâche ce garçon-ci plutôt qu'un autre, cet autre serait-il plus conforme aux aspirations idéales auxquelles on s'était raccroché. Il devient soudain la perfection, celui qu'on attendait, celui qu'on espérera - en vain peut-être (mais je m'égare)...